L'aumônier Ditfrid connu en ce matin une étrange et singulière sensation.
Son esprit, en état de grâce de part cette bouleversante rencontre spirituelle de la nuit passée, se retrouva un instant prisonnier d'un corps immobilisé par les psychotropes.
Ses sens durent luter pour percer le voile des opiacés, comme une longue succession de murs en mousseline brumeuse.
Il prit conscience de son environnement alors que d'une main hésitante et fébrile il balayait de son visage les derniers lambeaux de confusion chimique.
Inclinant la tête il contemplât un temps son environnement, grand espace emplit de lits de camps, silhouettes amorphes peuplant ces derniers, rideaux de toile isolants certain et un choeur de « bip » discret provenants d'une multitudes d'outillage biométrique.
La chaleur sèche tout juste mitigée par quelques ventilateurs en fin de vie acheva de peindre le tableau dans son esprit, un hôpital de campagne, toujours en Afghanistan.
Il voulut poser des mots sur ce constat, mais sa bouche été trop sèche pour ce faire, et sa langue lui semblait occuper toute sa bouche, il été sous morphine à n'en pas douter et ne pus arracher à sa gorge qu'un râle inarticulé.
Ce dernier fut néanmoins suffisant pour attirer a son chevet une jeune infirmière à la peau gorgée de soleil. Ses yeux sombres et emplit de douceur se firent un vecteur autrement plus efficace que son anglais hésitant pour lui faire comprendre qu'il ne devrait pas bouger ou essayer de parler.
Par empathie surement, elle perçu sa soif et avec un patience infinie elle l'aida à calmer l'aridité de sa gorge.
Ceci fait, elle lui dit lentement, comme cherchant ses mots :
Be quiet, Mister Doctor will come. Sleep now.
Quelques mots qui furent tel une injonction pour un corps encore en convalescence, et le dit repos dura jusqu'à l'arrivée du docteur en question.
La suite des évènements se déroula sous la forme d'une douce indolence, l'esprit encore trop affecté par les deux récentes « rencontres » pour être autre chose qu'un simple spectateur dans le fils des évènements.
Une unité de scout l'avait retrouvé il y a de ça quatre nuits, dans les décombres d'une usine située à un demi clic de l'endroit où son unité été tombée dans une embuscade. Il devait s'être trainé jusque là malgré un éclat de métal dans le ventre. Ils ignoraient si il avait traité sa blessure lui même ou si il avait reçu une aide civile quelconque, mais quand il fut retrouvé, son ventre été étreint d'un bandage compressif de fortune et il avait échappé à la septicémie par un incroyable miracle. Il avait depuis végété dans un état de pseudo délirium, parlant dans son sommeil alors que son corps œuvrait à un incroyable travail de guérison.
Le médecin alla même jusqu'à laisser entendre que la rapidité de sa rémission tenait du divin, et qu'il envisageait de pousser les futurs blessés à se pencher sur les écrits saints... Même si cela devait à terme le mettre au chômage. Ditfrid put lire dans ses yeux que si ses lèvres prononçait ses mots sur le ton de l'humour, son esprit priait de toute ses forces qu'une telle chose puisse être... Cet homme avait vu trop de gens mourir, trop de souffrance pour que son esprits si rationnel ne recherche par un biais ou un autre quelque forme de paix.
Deux jours plus tard, encore balloté par les événements, il se retrouva devant l'Aumônier en chef, qui lui fit part de sa décision de le renvoyer dans le civil. Les événements s'envenimant, et le traumatisme de la perte des ouailles incitant l'homme de foi à laisser au jeune aumônier du temps pour lui même.
N'y voyez pas là une sanction, mais après une si dure expérience, il vous faudra du temps pour réaliser et reprendre les rennes de votre vie. En outre nous ignorons si il serait une bonne chose que de vous renvoyer auprès des hommes avant même de savoir comment votre foi et votre âme vont surmonter cet accident. Prenez un ou deux ans pour vous, retournez ensuite à la vie civile pour quelques années de plus, et si après cela vous souhaitez toujours servir notre seigneur sur les théâtres, ce sera alors un honneur que de vous compter a nouveau parmi nous.
L'indolence de Ditfrid assura l'aumônier en chef quand à sa décision et trois jours plus tard le jeune aumônier montait dans l'avion qui devait le ramener à la capitale française.
Une mince pension lui permettrait de vivre le temps qu'il se remette et trouve une paroisse ayant besoin de ses services.
C'est dans son treillis, son balluchon sur l'épaule qu'il s'arrêta un temps au pied de la tour Eiffel.
L'empreinte toujours persistante dans son esprit depuis ce rêve si criant de vérité lui confirma que ses pas l'avaient mené au bon endroit.
Ici il rencontrerai ceux qui se nomment les enfant de l'eau, et à leur cotés il oeuvrerai à recouvrer ce livre si controversé, aux écrits recouvert d'une chape de mystère, le véritable livre d'Enoch.